Bernard Lavilliers - Carnets de bord

"Carnets de bord" s’appliquerait bien à toute la discographie du chanteur. On y verrait surtout dans ces dernières pages si fragiles, celles où l’artiste suivant un mûrissement inexorable prend du poids et s’enlise dans le convenu, un Bernard Lavilliers revigoré par la marée montante d’un océan Pacifique.

Il aurait selon ses propres termes retrouvé le plaisir : plaisir d’écrire, de jouer et de chanter. Toujours autant bourlingueur, le Stéphanois s’amuse à chanter que ce n’est pas lui qui a fait les voyages mais bien les voyages qui l’ont fait. Si cet album sonne si juste, tout en retenue mais jamais convenu, il le doit en particulier au retour en place d’un vieux grognard du clan : Mino Cinelu percussionniste d’exception. Avec lui et avec d’autres musiciens qui connaissent déjà le personnage, à Kingston, ils vont simplifier les structures mélodiques au plus proche des mots. "Cassés de l’Est, stressés de l’Ouest, rusés du Nord, usés du Sud, vers quelle certitude, vers quelle latitude, vers quelle lassitude, allez vous ?" chante l’étoile polaire du guide du routard. C’est surtout dans ses duos que Lavilliers frappe très fort : tout d’abord avec Cesaria Evora dans "Elle Chante", puis par une mixité avec l’Afrique et Tiken Jah Fakoly pour une "Question de Peau".

Cet album est thématisé autour de l’injustice, de la femme et du monde malade. Du soleil brûlant aux grandes espaces polaires, des silences des plaines arides au tumulte de la Jamaïque, le chanteurs aux gros bras reste pourtant un capitaine qui tient le cap. Merci Bernard.

01 - Voyageur 3:56
02 - Elle chante 3:53
03 - L'été 4:13
04 - Guitar 3:10
05 - État des lieux 3:36
06 - Silences 4:01
07 - Question de peau 3:47
08 - La Mort du Che 4:45
09 - Messageries maritimes 4:47
10 - Brooklyn 3:22
11 - Marin… 4:03