Réalisé avec le compositeur Yvan Cassar et produit par Jacques Erhart au studio Yellow Sub de Bruxelles, ce vingtième album de William Sheller s'annonce comme une oeuvre majeure de l'artiste, tant par l'ambition qu'il déploie en installant un orchestre symphonique à demeure, que par la structure proche des symphonies pop des années 1970.
Les premières mesures de la pièce « Avatars I » ne sont pas sans évoquer une Histoire de Melody Nelson, mais la comparaison doit s'arrêter là car, malgré certaines similitudes (formation classique notamment), Sheller n'est pas Gainsbourg et son inspiration est à mille lieues des rêves de lolycéennes du fumeur de Gitanes. Sheller n'a jamais caché son admiration pour le répertoire des Beatles dont l'esprit plane à certains moments, que ce soit dans un arpège de guitare harrisonien de « Tout ira bien » (titre pouvant être considéré comme un extrait détachable d'un disque homogène), ou l'atmosphère pluvieuse de « La longue échelle » (garni d'un Mellotron et d'un cor) en forme de clin d'oeil.
Mais Avatars ne saurait se résumer à ces comparaisons tant l'oeuvre est dense et sophistiquée. L'album résulte d'un véritable travail d'écriture comme (de plus en plus) rarement entendu dans la chanson d'ici. La partition s'égrène tel un long fleuve laissant pénétrer quelques courants adjacents, mélodies pop lumineuses (« Félix et moi »), rock incisif (« Jetlag ») et bruitages de circonstance. A la fois unique de par sa savante construction et son dosage idéal dans des noces si capricieuses entre le rock et le symphonique, et multiple de par la diversité des climats, Avatars est bien plus que le meilleur de William Sheller, dont le timbre juvénile est resté intact.
Loïc Picaud
Tracklist:
1 Avatar I [Log in]
2 LA longue échelle
3 Tout ira bien
4 Félix & moi
5 Jet lag
6 Trista,n
7 Blackmail
8 Music-hall
9 Le veilleur de nuit
10 Spyder le cat
11 Camping
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