Tags
Language
Tags
June 2025
Su Mo Tu We Th Fr Sa
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30 1 2 3 4 5
    Attention❗ To save your time, in order to download anything on this site, you must be registered 👉 HERE. If you do not have a registration yet, it is better to do it right away. ✌

    ( • )( • ) ( ͡⚆ ͜ʖ ͡⚆ ) (‿ˠ‿)
    SpicyMags.xyz

    Martine Simon- Le Luron, "La vie est si courte après tout"

    Posted By: TimMa
    Martine Simon- Le Luron, "La vie est si courte après tout"

    Martine Simon- Le Luron, "La vie est si courte après tout"
    Publisher: JC Lattès | 2013 | ISBN: 2709639513 | French | EPUB | 300 pages | 3.43 Mb

    Tout petit déjà, cet enfant non désiré, celui qu on appelait « le surplus », n a cessé de vouloir se faire remarquer. Une sorte de revanche. Devenu grâce à son charme « le poussin », il réalisera l ambition refoulée de sa mère de devenir une star.
    À deux ans, il s installait à table debout sur sa chaise pour arroser le déjeuner de ses besoins pressants sous les rires enchantés. À quatre, il simulait un suicide pour s attirer l attention de sa s ur ; à dix chez les scouts, il s était constitué un public déjà captif en offrant ses premières imitations à des admirateurs médusés. Et à dix-sept ans, il était une star !
    Sa famille n ignorait rien de sa vie privée turbulente et mondaine, mais il était de bon ton de ne pas en parler… Aujourd hui, sa s ur décide de l évoquer avec une très grande délicatesse.
    Voici le portrait intime d un homme secret, exigeant et parfois coléreux, à la fois seul et très entouré, tel qu on ne vous l avait encore jamais dévoilé. Thierry Le Luron aurait eu soixante et un ans en avril 2013.
    Je suis seule dans cet appartement où ni toi ni moi n'avons vécu. Il a bien fallu passer outre les larmes et la fatigue, ils ne sont plus là, il faut vider les lieux, laisser la place à d'autres chemins. Le nôtre marque le pas ici. Depuis des jours je bricole, de temps en temps j'emplis quelques caisses, tourne en rond, fais des plans de rangement dans ma cave pour y entasser ce qu'il faut garder, sans trop savoir quoi au juste. C. m'aide ; je retourne chez D. depuis la mort de maman. J'ai bien conscience que mon travail de bibliothécaire m'aide aussi à passer d'un jour à l'autre, sans trop agir, dans le flou habituel des nuits sans vrai sommeil. Et puis aujourd'hui c'est vide ! Plus de rideaux aux fenêtres, le soleil entre dans toutes les pièces, mes pas résonnent sur le parquet ; les traces de tableaux sont douloureuses. Ton coffre-fort, dont les parents ont hérité à ta mort, est toujours là, depuis plus de vingt ans, vide lui aussi ?
    Maman disait souvent : «Martine, il faut ouvrir ce coffre, il y a certainement quelque chose dedans.» Cet espoir inconscient qu'elle allait, d'une manière ou d'une autre, avoir des nouvelles de toi, cette certitude d'un inachevé, m'accablaient chaque fois et augmentaient mon impuissance à la consoler ; je répondais, sur mes gardes, qu'il n'y avait qu'à, qu'il fallait, qu'on pouvait… ma fuite était facile, je n'étais pas en première ligne de la douleur.
    Aujourd'hui c'est donc mon tour : il faut ouvrir cette boîte. J'ai essayé en vain toutes les clefs possibles, trouvées dans tous les vases, placards et autres tables de nuit, et à présent j'attends le serrurier spécialisé, en compagnie du seul objet restant dans la maison.
    «C'est un coffre ancien, il ne va pas être facile à ouvrir.» Il installe son chalumeau, sa bouteille de gaz, ses outils de cambrioleur légal ; j'oublie mon angoisse et commence à me demander, sans y croire vraiment, si je ne vais pas savoir ce que tu avais dans ton coffre.
    En écrivant, j'entends encore ma voix un peu amusée :
    - Alors c'est vide ?
    - Ah oui, c'est vide. Mais, attendez, il y a souvent dans les coffres-forts un tiroir secret. Ah, le voilà !
    Je suis maintenant tout à fait intriguée, et ris bêtement :
    - Il y a quelque chose ?
    - Oui ! Un carton.
    Je me penche et lui arrache des mains une carte de visite, une des tiennes, et lis : «THIERRY LE LURON avec ses compliments», tu as ajouté un point d'exclamation farceur et tes initiales. «Ah, il y a autre chose» : il exhibe une pièce de un franc et j'éclate de rire ! Il semble se demander si je ne suis pas un peu détraquée.
    «Excusez-moi, c'est une ultime plaisanterie de mon frère», lui dis-je en reprenant mes esprits.
    Qu'il emporte ce coffre, vide totalement à présent ; que je puisse rester seule et plus légère grâce à ce message posthume, te rendre la monnaie de cette pièce, comédie et tragédie mêlées ; te dire, dans une complicité enfin retrouvée, que je suis là aujourd'hui, cher Arsène Lupin.


    Martine Simon-Le Luron est la sœur aînée de Thierry Le Luron. Licenciée en histoire, bibliothécaire, passionnée de généalogie, elle s’exprime ici pour la première fois depuis la mort de son frère.


    Martine Simon- Le Luron, "La vie est si courte après tout"