Jacob Waerness, "L'Usine: Faire des affaires en zone de guerre"
2020 | ASIN: B083T84PK6 | Français | EPUB | 403 pages | 1.5 MB
2020 | ASIN: B083T84PK6 | Français | EPUB | 403 pages | 1.5 MB
Comment agir et manœuvrer dans un pays qui s’effondre ; un récit fort et personnel.
En 2011, Jacob Waerness, ancien employé de la Section anti –terroriste des services de renseignement intérieur norvégien (PST), reçoit une offre d’emploi : la multinationale Lafarge a besoin d'un responsable sûreté pour sa cimenterie au nord de la Syrie, la plus grande du pays. À cette époque, la Syrie est une dictature relativement bien rodée, caractérisée par une rébellion naissante qui, selon la plupart des gens, s’apaiserait assez rapidement. Waerness, voit ce travail comme un défi dépaysant, et il accepte. Deux ans plus tard, à l'expiration de son contrat, la société syrienne s'est pratiquement effondrée, mais la cimenterie est toujours opérationnelle. Il a parfois été le seul représentant local du groupe, et a eu à collaborer avec ceux qui contrôlaient la région à un moment donné - qu'il s'agisse de Kurdes, de rebelles modérés ou des forces gouvernementales. Waerness a introduit des voitures blindées en provenance du Liban clandestinement, obtenu la protection des groupes armés locaux et a dû, à plusieurs reprises, négocier et faire libérer des employés pris en otage. Le tout pour protéger au mieux l'usine et ses employés et permettre d’assurer le bon fonctionnement de celle-ci. Voici son histoire.
Du livre:
"On m’a dirigé vers un grand rond-point près de Shammas, au sud de l’université de Baath. Il y avait alors des combats journaliers dans la ville, et les autorités mitraillaient parfois des quartiers entiers de la vile comme Baab Amro et Inshaat. Les forces du régime avaient construit un centre commando sur le côté du rond-point et il y avait beaucoup de personnel militaire, les soldats couraient dans tous les sens et on arrêtait toutes les voitures. Celles qui ensuite avaient le droit de continuer, quittaient rapidement les lieux. Tout autour, je voyais des antennes, des sacs de sable, des postes de tirs pour fusils mitrailleurs, des tanks et de gros engins de transport. Un officier m’a arrêté et j’ai ouvert la portière pour lui parler, car le verre épais et lourd des vitres faisait qu’il était impossible de baisser suffisamment les lève-vitres, et en même temps ça faisait un boucan infernal. Il était surpris de voir un étranger. Qu’est-ce que je faisais là, étais-je journaliste ? J’ai expliqué que je travaillais dans la plus grande usine de Syrie, et que j’étais en route vers le nord. Je lui ai montré mon permis de conduire, mon autorisation de travail et une procuration un peu « créative » que nous avions concoctée ; mes papiers étaient en principe en règle. Il était un peu sceptique ou peut-être seulement curieux, en tout cas il a décidé qu’il voulait voir ce que je transportais. Je lui ai répondu « bien sûr », mais que j’espérais qu’il allait faire vite car je tenais à partir de là aussi vite que possible. Quand il a mis sa main sur la portière, il a tout d’un coup demandé si la carrosserie résistait aux tirs. J’ai immédiatement acquiescé en disant que j’en étais bien content.
On tirait à l’artillerie tout près de nous et les bruits étaient assourdissants. Je me sentais vraiment au milieu d’une zone de guerre, et des longues démarches bureaucratiques ne m’intéressaient pas du tout. J’ai répété que je travaillais pour la plus grosse usine de Syrie et que le président lui-même tenait à ce que nous puissions continuer à produire. Si cela lui posait un problème, il n’avait qu’à téléphoner à la direction militaire à Damas."
Jacob Waerness (né en 1978) est un développeur d'affaires et consultant en sûreté spécialiste du Moyen-Orient et de l’Afrique. C’est un ancien employé de la Section anti-terroriste des services de renseignement intérieur norvégien (PST), avec une formation en gestion et en langue arabe. Il vit actuellement à Zurich. Ceci est son premier livre.