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Pascal Dibie, "Ethnologie de la porte: des passages et des seuils"

Posted By: TimMa
Pascal Dibie, "Ethnologie de la porte: des passages et des seuils"

Pascal Dibie, "Ethnologie de la porte: des passages et des seuils"
2012 | ISBN: 2864248417 | Français | EPUB | 432 pages | 0.9 MB

Qu’est-ce qu’une porte ?
Dans sa définition même elle implique l’existence d’un "dehors", autrement dit de ce qui est "hors de la porte". Nous y sommes : la porte est d’abord vue de l’intérieur de la maison par celui qui s’y inscrit… A partir de là tout est à penser : le dedans, le dehors, l’ouvert, le fermé, le bien-être, le danger, et c’est pour elle que nous nous sommes institués, nous les hommes, en grands paranoïaques autant qu’en dieux et en techniciens ! Pas un lieu où nous avons voulu dormir que nous n’avons barricadé, pas un champ que nous n’avons borné, pas un temple que nous n’avons chargé, pas une famille ni une ville que nous n’avons protégées. Nos portes sont partout, issues étroites ou portes monumentales.

Des Magdaléniens d’Etiolles à la porte d’Ishtar à Babylone quelle folie nous a prise? Portiques grecs, arcs de triomphe romains, Jésus qui prêche aux portes, L’enfer qui s’en invente, notre imaginaire de la porte se construit petit à petit. On arme les châteaux de pont-levis et de symboles, on enclot les femmes et puis on fait des Entrées solennelles, on s’invente des étiquettes autant pour les hommes que pour les livres. On dresse partout des barrières jusqu’à inventer les frontières. La ville s’avance, la société se discipline, se numérote, s’invente des règles qu’elle affiche aux portes: prestige, convenances, mort, on peut tout lire à la porte de nos vies. Le folklore s’est emparé des seuils, a nourri nos croyances et nos étranges rites de passage. Nos semblables d’un ailleurs proche ou lointain n’ont pas fait moins : jnouns et serrures veillent en Afrique pendant qu’en Chine on calcule encore l’orientation des ouvertures et qu’à chaque porte se joue l’équilibre de l’univers entier. En Amazonie la porte est en soi alors qu’en Océanie elle est un long chemin d’alliance.

La porte est pour chacun un bonheur et une inquiétude quotidiens tout simplement parce que, de tous nos objets du quotidien, elle représente un monde inépuisable de pensées.

Pascal Dibie est Professeur d'Ethnologie à l'Université Paris Diderot-Paris 7 où il co-dirige le pôle des sciences de la ville. Il est l'auteur d'une ethnologie d'un village de Bourgogne effectuée à 30 années de distance qui fait référence : Le Village retrouvé, ethnologie de l'intérieur (Grasset, 1979) et Le village métamorphosé, révolution dans la France profonde (Plon, 2006).
Il est également l'auteur de Ethnologie de la chambre à coucher traduit en 15 langues et vendu à 30 000 exemplaires…
Il y a une multiplicité de façons de passer une porte, selon qu'elle est plus ou moins ouverte ou fermée…
A moins, comme le laisse entendre finalement l'ethnologue, citant le poète Antonin Artaud, qu'elle ne soit une figure de l'homme lui-même, pris entre un dehors et un dedans qu'il ne peut joindre que par le passage. Pascal Dibie offre là un bel essai, aux charnières parfois un peu flottantes, mais où s'engouffrer pour une promenade érudite. (Frédéric Keck - Le Monde du 30 août 2012)

Pascal Dibie est passionné par les portes, les seuils, les passages, les frontières, les édifices qui séparent ou unissent les espaces, réels ou imaginaires, profanes, sacrés, politiques, sociaux, intimes… Mais si son Ethnologie de la porte est véritablement passionnant, c'est que, de porte, il n'en néglige aucune : les portes de l'Enfer et du Paradis, les portes des villes, les parvis des églises, les portes cochères, les ponts-levis des châteaux forts, les portes des immeubles, les entrées des maisons bourgeoises, les portes intérieures des appartements, les portes des WC, les portes mortuaires, les portes à vantaux des saloons, les portes de prison, les «portes» des tipis, des yourtes et des igloos - jusqu'aux trappes, aux chatières et aux «portes du corps», yeux, oreilles, nez, bouche, sexe, anus, «portes du foie» et autres «portes du lait» («par lesquelles les veines mammaires de la vache pénètrent dans les parois de la poitrine») ! Qu'on ne redoute pas un catalogue ! Avec beaucoup d'érudition, et quelques notes d'humour, Dibie propose au contraire une déambulation, géographique, historique, technique, esthétique, folklorique, à travers tous les espaces qu'ouvrent la porte et ce qui lui est lié…
On ne révélera rien de ce que Pascal Dibie découvre chez les Dogons du Mali, qui à la serrure attribuent de mystérieux pouvoirs, au Japon, où les portes sont de papier, en Chine, où on évite qu'elles soient «orientées vers la montagne "bois"» pour ne pas risquer que «le bois détruise la terre», en Océanie, en Mongolie… Mais, à le suivre, on voit bien que ce n'est pas mal d'écouter aux portes : on entend la voix du monde. (Robert Maggiori - Libération du 30 août 2012)

L'ethnologue Pascal Dibie nous livre un essai érudit et plein d'humour sur la porte, cet objet du quotidien qui permet d'entrer ou de sortir, de montrer ou de cacher…
Résultat, au terme de dix ans de travail : un essai passionnant, aux confins de l'histoire, de la sociologie et de la religion, fourmillant d'anecdotes, où l'érudition ne laisse pas l'humour… (Delphine Peras - L'Express, octobre 2012)