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André Gorz, "Misères du présent, richesse du possible"

Posted By: TimMa
André Gorz, "Misères du présent, richesse du possible"

André Gorz, "Misères du présent, richesse du possible"
1997 | ISBN: 2718604514 | Français | EPUB | 229 pages | 0.2 MB

Il faut apprendre à discerner les chances non réalisées qui sommeillent dans les replis du présent. Il faut vouloir s'emparer de ces chances, s'emparer de ce qui change. Il faut oser rompre avec cette société qui meurt et qui ne renaîtra plus. Il faut oser l'Exode. Il faut ne rien attendre des trairements symptomatiques de la " crise ", car il n'y a plus de crise : un nouveau système s'est mis en place qui abolit massivement le " travail ". Il restaure les pires formes de domination, d'asservissement, d'exploitation en contraignant tous à se battre contre tous pour obtenir ce " travail " qu'il abolit. Ce n'est pas cette abolition qu'iI faut lui reprocher : c'est de prétendre perpétuer comme obligation, comme norme, comme fondement irremplaçable des droits et de la dignité de tous ce même " travail " dont il abolit les normes, la dignité et l'accessibilité. Il faut oser vouloir l'Exode de la " société de travail " : elle n'existe plus et ne reviendra pas. Il faut vouloir la mort de cette société qui agonise afin qu'une autre puisse naître sur ses décombres. Il faut apprendre à distinguer lés contours de cette société autre derrière les résistances, les dysfonctionnements, les impasses dont est fait le présent. Il faut que le " travail " perde sa centralité dans la conscience, la pensée, l'imagination de tous : il faut apprendre à porter sur lui un regard différent ; ne plus le penser comme ce qu'on a ou n'a pas, mais comme ce que nous faisons. Il faut oser vouloir nous réapproprier le travail.

André Gorz, de son vrai nom Gérard Horst, né le 9 février 1923 à Vienne et mort le 22 septembre 2007 à Vosnon (France), est un philosophe et journaliste français.
Sa pensée oscille entre philosophie, théorie politique et critique sociale. Disciple de l'existentialisme de Jean-Paul Sartre, puis admirateur d'Ivan Illich, il devient dans les années soixante-dix l'un des principaux théoriciens de l'écologie politique et de la décroissance, néologisme dont la paternité lui revient. Il est cofondateur en 1964 du Nouvel Observateur, sous le pseudonyme de Michel Bosquet, avec Jean Daniel.
Si tous les livres de André Gorz sont attendus avec intérêt parce qu'ils traduisent un cheminement, celui-ci fera date dans la mesure où il traduit une volte-face de sa pensée. On se souvient de son opposition à l'allocation universelle déconnectée de tout travail, développée dans plusieurs de ses ouvrages.
Le centre de son projet d'aujourd'hui est exactement l'opposé : c'est le versement à tout citoyen "d'un revenu social suffisant (pour vivre)" qui évite aux allocataires d'être contraints d'accepter "n'importe quel travail" mais leur permet de "s'affranchir des contraintes du travail…". "Le revenu social de base doit leur permettre de refuser le travail".

Parmi les raisons qui le conduisent à justifier ce revirement, il cite notamment la transformation de la nature du travail : "quand l'intelligence et l'imagination deviennent la principale force productive, le temps de travail cesse d'être la mesure du travail". D'autre part, l'évolution actuelle rend caduque la loi de la valeur, elle exige une autre économie dans laquelle les prix ne refléteront plus le coût du travail. "L'allocation universelle équivaut à une mise en commun des richesses produites". Mais, plus globalement, c'est le sentiment que nous sommes en train de vivre une transformation profonde de la société, nous vivons dans une société "qui se meurt". Il faut partir, il faut oser vouloir "l'Exode", expression qui revient fréquemment dans son livre, d'une manière insistante, pour signifier, le départ vers un ailleurs à inventer.
Incontestablement, c'est une utopie qu'il décrit et qu'il revendique, "car l'utopie a pour fonction de nous donner le recul, elle nous permet de juger ce que nous faisons à la lumière de ce que nous devrions faire".
C'est sur ce terrain qu'il faut évaluer son essai, sur la finalité qu'il poursuit, et non sur le réalisme de ses propositions. Son texte est suffisamment dense et provocateur pour permettre un débat fécond. – Guy Aznar – – Futuribles

Introduction

I. De l'État social à l'État du capital
1. Le grand refus
2. L'Exode du capital
3. La fin du nationalisme économique
4. La mondialisation a bon dos
5. La résistible dictature des marchés financiers
6. Le mirage chinois
II. Derniers avatars du travail
1. Post-fordisme
2. Uddevalla
3. L'asservissement
4. Autonomie et vente de soi
5. Le travail qui abolit le travail
6. Métamorphoses du salariat
7. Tous précaires
III. Le travail désenchanté
1. Le mythe du lien social
2. Génération X ou la révolution sans voix
3. Inversion des valeurs, retard du politique
4. Socialiser ou éduquer ?
IV. Sortir de la société salariale
1. La multiactivité, enjeu de société
2. Voies de sortie
1. garantir le revenu
Défense de l'inconditionnalité
Au-delà de la "loi de la valeur"
2. Redistribuer le travail, libérer le temps
Changer le travail
3. Changer la ville
SELs, LETs, Cercles de coopération
Épilogue
Digression 1 : Communauté et société
Digression 2 : Alain Touraine ou le sujet de la critique