Les Deux prisons de Gramsci

Tant par sa vie que par son œuvre, Antonio Gramsci (1891-1937) est certainement l’un des penseurs les plus fascinants du XXe siècle. Rédacteur en chef d’un hebdomadaire à 24 ans, il participe en 1921 à la création du Parti communiste italien dont il prend la direction en 1924. Arrêté en novembre 1926, il va passer le reste de sa vie en prison, à l’exception des derniers jours. C’est durant cette décennie d’incarcération que Gramsci rédige sur plus de trente cahiers un ensemble de réflexions, de méditations, d’analyses qui constituent l’un des plus riches monuments de la philosophie politique du XXe siècle.L’histoire des cahiers présente de nombreuses zones d’ombre. Combien y en a-t-il au juste ? Trente-deux, comme le veut l’histoire officielle du PCI ? Ou trente-trois ? Si une telle question n’a rien de secondaire, c’est non seulement parce que Gramsci était révulsé par le stalinisme mais encore parce qu’il aurait peut-être pris ses distances avec le communisme lui-même. Un ultime cahier – qui a mystérieusement disparu – pourrait receler son testament politique. Autant de questions majeures tant Gramsci fait aujourd’hui figure d’icône de la pensée marxiste.C’est à cette passionnante enquête que se livre Franco Lo Piparo. Se fondant sur une scrupuleuse étude des documents disponibles (lettres, originaux des cahiers…), l’auteur nous emmène, de Rome à Moscou en passant par Cambridge, Paris ou Madrid, dans les arcanes d’une histoire digne des plus grands romans d’espionnage.