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Ernst Jünger, "Traité du Rebelle, ou le recours aux forêts ; suivi de Polarisations"

Posted By: TimMa
Ernst Jünger, "Traité du Rebelle, ou le recours aux forêts ; suivi de Polarisations"

Ernst Jünger, "Traité du Rebelle, ou le recours aux forêts ; suivi de Polarisations"
1981 | ISBN: 2020091429 | Français | EPUB | 170 pages | 0.1 MB

" J'ai traduit par "Rebelle", faute d'un équivalent français tout à fait exact, le mot allemand de Waldgänger, emprunté lui-même à une coutume de l'ancienne Islande.
Le proscrit norvégien, dans le haut Moyen Age scandinave, avait " recours aux forêts " : il s'y réfugiait et y vivait librement, mais pouvait être abattu par quiconque le rencontrait. Il serait aussi facile que vain de citer les " Rebelles " qui, à diverses époques, ont élu la solitude, la misère et le danger, plutôt que de reconnaître une autorité qu'ils tenaient pour illégitime, Robin Hood et ses compagnons, le Grand Ferré, les Camisards, et bien entendu les Résistants de la dernière guerre.

Le Partisan est le Waldgänger oriental, comme le Maquisard est le Rebelle du Midi. Tous ces termes eussent fixé l'esprit du lecteur sur une réalité historique, alors que le Waldgänger de Jünger est une " figure ", au sens que notre auteur donne à ce mot : intemporel, de sorte qu'il peut et doit être actualisé à tout moment de l'histoire." - Ernst Jünger -

Même si nous ne sommes pas sous le joug d’une dictature, nous ne sommes pas non plus sortis d’une ère où la Police est en hypertrophie, où, au lieu de protéger, elle tend à générer un sentiment d’insécurité. Car croiser partout des hommes en uniformes et armés provoque la peur, plutôt qu’elle ne l’atténue : elle nous confine dans un état d’urgence permanent, elle nous inquiète et finirait même par énerver : les armes, trop nombreuses, appellent la guerre, après que l’on s’est occupé de sa propre sécurité. Seules réponses face à la peur, cette grande peur que notre société est censée toujours éprouver, face à la délinquance, au vieillissement de la population, à la précarité, au chômage, et autres virus, les armes l’accentuent au lieu de nous en libérer, et se trompent de cible, n’atteignant que la surface d’un malaise profond dans les marges de notre société, marges qui se retrouvent au centre des dispositifs de surveillance et de contrôle continu : ainsi les armes finissent par générer la peur, au lieu de s’en dégager. C’est elle qu’analyse d’abord Jünger. C’est elle que l’on doit comprendre, avec ses corollaires que sont la contrainte, et l’isolement, si l’on veut qu’advienne une ère de liberté, s’articulant mieux avec les nécessités du temps.

Ainsi commence et finit le Traité du rebelle : pourrons-nous délivrer l’homme de la peur ? Pourrons-nous dessiner, face aux nécessités de notre temps, un nouvel espace de liberté ? Le chemin pour y parvenir est sinueux, escarpé, mais il existe en chacun de nous, en chaque personne digne de ce nom, douée de courage, et que la figure du Rebelle, après celle du Travailleur, guide. Chaque époque a ses démons, chaque époque a aussi ses antidotes aux poisons qui s’insinuent dans nos esprits, que le Traité nous apprend à voir.