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Charles Dantzig, "Pourquoi lire ?"

Posted By: TimMa
Charles Dantzig, "Pourquoi lire ?"

Charles Dantzig, "Pourquoi lire ?"
Le Livre de Poche | 2011 | ISBN: 2253162191 | French | EPUB | 224 pages | 0.8 Mb

La lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgueilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. […] Lire ne sert à rien. C'est pour cela que c'est une grande chose. Nous lisons parce que ça ne sert à rien. C. D. Des conseils, des douceurs, des rosseries, et une conception de la lecture comme « sœur de la littérature », toutes deux marchant ensemble dans un combat contre le temps. Une philosophie de la lecture qui fait s'exclamer, s'enthousiasmer, applaudir, et qui ne donne qu'une envie : (la) relire.C’est un intégriste de la littérature, mais éclairé, érudit, souriant, plein d’humour. […] L’écrivain passe avec brio du sérieux à la malice, et il n’est jamais autant persuasif que lorsqu’il jongle avec les citations, les références, les vacheries et les paradoxes. […] Un jour, j’ai demandé à ma mère pourquoi il ne fallait pas mettre les coudes sur la table. Elle m’a répondu : « Parce que. » Pourquoi lire ? Parce que. Bernard Pivot, Le Journal du dimanche.

"C’est un intégriste de la littérature, mais éclairé, érudit, souriant, plein d’humour. […] L’écrivain passe avec brio du sérieux à la malice, et il n’est jamais autant persuasif que lorsqu’il jongle avec les citations, les références, les vacheries et les paradoxes. […] Un jour, j’ai demandé à ma mère pourquoi il ne fallait pas mettre les coudes sur la table. Elle m’a répondu : « Parce que. » Pourquoi lire ? Parce que". (Bernard Pivot)
Pourquoi je lis ? Je lis comme je marche, sans cloute. D'ailleurs, je lis en marchant. Si je vous racontais le nombre de rencontres que j'ai faites grâce à ça ! Plus d'un horodateur de Paris a été ému de m'entendre lui dire «pardon monsieur !» après que je m'étais cogné à lui en lisant un livre ou un autre. Au reste, ce n'est pas parce qu'on fait une chose aussi spontanément que marcher ou lire qu'il est inutile d'y réfléchir. La spontanéité ne légitime pas tout. Il y a des meurtres spontanés.

«Spontanément.» Dans un premier temps, j'avais écrit «naturellement». Or, la lecture n'est pas plus naturelle que la marche. C'est même un des actes les plus acquis qui soient. Difficile, parfois. Tout le monde n'apprend pas à lire avec facilité. Il serait intéressant d'enquêter là-dessus. Les grands lecteurs seraient-ils des gens qui ont appris à lire facilement ? Pour ma part, cela a été facile, et presque immédiat. On m'a fait répéter un B, A, BA pendant quelques jours et, soudain, tout s'est libéré. J'ai lu. Cela vient peut-être de ce que c'était tardif ; au cours préparatoire ; j'avais S ans. Je vivais dans l'indignation depuis un an. La plupart de mes amis avaient appris à lire en dernière année de maternelle. «Pourquoi ne m'apprend-on pas, à moi ?» demandais-je sans arrêt à mes parents embêtés. Ils n'avaient rien d'autre à me répondre que : «C'est la méthode de ton école. Il te faut attendre le cours préparatoire.» Et moi, montrant du doigt tout ce que je croisais d'écrit, affiches, panneaux, couvertures de magazines, je demandais : «Qu'est-ce qui est écrit ?» Il me semblait qu'on me faisait une grande injustice. Qu'on retardait mon entrée dans la compréhension du monde.


Mais pourquoi lire ? Charles Dantzig donne des tas de réponses. Pour se faire des amis, pour pouvoir dire qu'on a lu, pour se consoler (mais c'est faux, la lecture désespère), pour jouir de la lecture, pour se masturber, pour se contredire, pour garder la maîtrise du temps et rester jeune, etc. L'écrivain passe avec brio du sérieux à la malice, et il n'est jamais autant persuasif que lorsqu'il jongle avec les citations, les références, les vacheries et les paradoxes…
Bon, d'accord, mais pourquoi lire ? A la fin, Charles Dantzig crache le morceau : parce que "lire ne sert à rien". Ça ne sert à rien, mais c'est indispensable, c'est nécessaire, c'est vital, etc. Un jour, j'ai demandé à ma mère pourquoi il ne fallait pas mettre les coudes sur la table. Elle m'a répondu : "Parce que." Pourquoi lire ? Parce que. (Bernard Pivot - Le Journal du Dimanche du 26 septembre 2010)

Au fond, depuis l'âge où il subissait la messe avec une «Chartreuse de Parme» planquée dans son «couvre-missel en cuir», lire est un acte de foi chez Dantzig. Ça lui est tombé dessus enfant, il ne s'en est pas remis. C'est un pascalien voluptueux, pour qui «lire est beaucoup plus intéressant que se distraire». Mais comme il sait que sa chapelle sera toujours minoritaire, il ne cherche pas à convertir. Il lui arrive d'être péremptoire, mais il ne prêche pas. C'est là qu'il est le plus subtil. (Grégoire Leménager - Le Nouvel Observateur du 21 octobre 2010)

Pourquoi lire ? A la question générique, Charles Dantzig répond avec autant d'humour que d'érudition, en soixante-quinze courts chapitres…
Au long de ce trajet de vie, où l'engagement politique et éthique a toute sa place, la lecture constitue un point fixe essentiel - notamment la lecture de romans. Parce que le livre est le lieu où se construit, se concrétise et se conserve la pensée, c'est-à-dire, tout ensemble, «la raison, la mémoire, le rêve et l'imagination». (Nathalie Crom - Télérama du 3 novembre 2010)

Pourquoi lire ? C'est le titre du nouvel essai de Charles Dantzig, l'homme qui pose les questions auxquelles on n'a pas pensé. Il y a quelques années, il avait surpris son monde avec A quoi servent les avions ? (éd. Les Belles Lettres), un recueil de poèmes. Il y répondait en partie, mais, là, il botte en touche. "Lire ne sert à rien. C'est bien pour cela que c'est une grande chose. Nous lisons parce que ça ne sert à rien" (p. 235). Le lecteur est bien avancé, dira-t-on. Mais ce n'est pas le problème. La saveur de ce petit traité est ailleurs, dans la manière qu'a Dantzig de ferrer le sujet, celle qui a fait la réputation de son Dictionnaire égoïste de la littérature française (2005)…
Charles Dantzig est le genre d'homme à ne pas suivre la direction qu'il a indiquée. Chauffeur de taxi, il se serait retrouvé sur la paille ; écrivain, il a de beaux jours devant lui…
Voilà pourquoi Dantzig est grand. Et drôle. Il a dû être jongleur dans une autre vie. (Emmanuel Hecht - L'Express, octobre 2010) –


Charles Dantzig, "Pourquoi lire ?"