Marcel Gauchet, "Le désenchantement du monde: Une histoire politique de la religion"
Folio | 2016 | ISBN: 2070329437 | French | EPUB | 480 pages | 0.5 MB
Folio | 2016 | ISBN: 2070329437 | French | EPUB | 480 pages | 0.5 MB
Il est des ouvrages qui, très vite, s'imposent comme des classiques contemporains. Depuis sa parution en 1985, cette Histoire politique de la religion est tenue pour telle. L'ouvrage comble, il est vrai, une grande lacune, depuis les travaux pionniers de Durkheim, Max Weber et Rudolf Otto, en rendant au sujet la place qu'il mérite.
Car le religieux a modelé activement, et plus profondément qu'il n'y paraît, la réalité collective dans toutes les sociétés jusqu'à la nôtre, en particulier les formes politiques.
Marcel Gauchet propose un renversement de perspective : on a voulu voir l'histoire des religions comme un développement ; or la religion pure est au commencement. Ce que nous appelons 'grandes religions' correspond, en fait, à autant d'étapes d'une mise en question du religieux dans sa rigueur primordiale. De ce point de vue, il faut mesurer la spécificité révolutionnaire du christianisme et son rôle à la racine du développement occidental. Marcel Gauchet caractérise le devenir des sociétés contemporaines, depuis l'essor des techniques jusqu'à l'enracinement des procédures démocratiques, comme un mouvement vers une société hors religion. Le monde d'aujourd'hui ne s'explique que par la sortie et l'inversion de l'ancienne économie religieuse. Sa particularité, c'est le désenchantement du monde.
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Cet ouvrage dont on a souvent retenu que le titre éloquent exige du lecteur patience et ténacité. Examinant le processus de dissolution et de retournement de l'emprise organisatrice du religieux, Marcel Gauchet est l'auteur d'une histoire politique de la religion sans précédent. À rebours de l'analyse marxiste qui définit la religion comme une superstructure déterminée par l'organisation économique et sociale, Gauchet s'intéresse à l'action du religieux sur la réalité elle-même. C'est ainsi qu'il parvient à dégager la spécificité révolutionnaire du christianisme et son rôle décisif dans le développement occidental. Bien plus, si nos sociétés se laïcisent, les valeurs laïques elles-mêmes ne seraient que la transposition des valeurs religieuses traditionnelles (le mérite au sens républicain requérant, par exemple, sacrifice de soi et renoncement). Il y aurait donc du religieux après la religion, et le christianisme serait même la religion de la sortie de la religion.
Un monument de la pensée contemporaine. – Paul Klein