Tout ce que tu possèdes/All That You Possess(2012)
Xvid 720x392 29.97fps 1247Kbps French Dolby AC3 48000Hz 6ch 448Kbps | English, French sub/idx, .srt | 01:31:17 | 1.09 Gb
Quebec | Drama | Director: Bernard Émond | Stars: Patrick Drolet, Willia Ferland-Tanguay, Isabelle Vincent | IMDB
Xvid 720x392 29.97fps 1247Kbps French Dolby AC3 48000Hz 6ch 448Kbps | English, French sub/idx, .srt | 01:31:17 | 1.09 Gb
Quebec | Drama | Director: Bernard Émond | Stars: Patrick Drolet, Willia Ferland-Tanguay, Isabelle Vincent | IMDB
Pierre Leduc, a lecturer in literature at Laval University, translator of Polish poetry, has built his lonely life around books, words and silence. Discouraged by the ignorance of his students, he has decided to quit his job when his father, real estate mogul, announces that he is suffering from terminal cancer and expects to bequeath his fortune to Pierre…
Pierre Leduc, chargé de cours en littérature à l'université Laval, traducteur à ses heures d'un poète découvert lors d'un récent séjour d'études en Pologne, a construit sa vie de solitaire autour des livres, des mots et du silence. Découragé par l'inculture de ses étudiants, il a déjà pris la décision de quitter son emploi lorsque son père, magnat de l'immobilier, lui annonce qu'il est atteint d'un cancer incurable et qu'il prévoit lui léguer sa fortune. Pierre refuse tout net pareil
Marc-André Lussier
À quoi tient l'émotion? Dans le cinéma de Bernard Émond, il est clair qu'elle ne tient ni dans les effets, ni dans l'affectation, encore moins dans la sentimentalité. À cet égard, Tout ce que tu possèdes s'inscrit parfaitement dans la démarche réflexive et poétique de l'auteur cinéaste. Ce film aborde avec sobriété des thèmes poignants et essentiels, dont la résonance dépasse de loin les simples préoccupations de la vie quotidienne, tout en ramenant toujours ceux-ci à hauteur d'homme.
Au coeur de la crise existentielle d'un prof de littérature qui, à l'aube de la quarantaine, ne sait plus à quoi se raccrocher pour étancher sa soif d'absolu, se pose une question d'intégrité. À laquelle s'ajoute aussi une interrogation morale. Or, la bonté et la droiture d'un homme ne naissent pas obligatoirement de la vertu. Cette déchirure emprunte ici les allures d'une fable philosophique très prenante, en ce qu'elle remet aussi en cause de façon éloquente l'état d'esprit d'une époque.
Émond se concentre ainsi sur le parcours d'un homme dont la «pureté» est en vérité factice. En se faisant un devoir de ne s'attacher à rien ni personne, sinon aux auteurs qu'il aime, Pierre Leduc (superbe Patrick Drolet) n'en est pas moins lourd de toutes ces petites et grandes lâchetés dont il a fait preuve au fil des ans afin d'acheter sa liberté. Dont la moindre n'est pas celle d'avoir abandonné enceinte la mère de la jeune fille (Willia Ferland-Tanguay, très juste) qui vient aujourd'hui cogner à sa porte.
Parti quelques années en Pologne pour y refaire le parcours du poète Edward Stachura, mort en 1979, l'homme abandonne tout à son retour pour se consacrer à la traduction des oeuvres du poète suicidé. Il refuse même un héritage de 50 millions $, estimant que la somme amassée par son riche industriel de père (Gilles Renaud), aujourd'hui malade, a été «mal acquise». Celle-ci provient d'une exploitation honteuse des ressources, tant sur le plan matériel qu'humain.
Avec beaucoup de finesse et de sensibilité, l'auteur cinéaste évoque la prise de conscience d'un homme dont l'envie de dépouillement se dirige inévitablement vers un cul-de-sac. À travers la magnifique poésie de Stachura, ici mise en abîme comme autant de liens brisés, Pierre tente à sa façon de se raccrocher à l'humanité. Confiné jusqu'à maintenant à sa solitude, blessé par trop d'abandons de toutes natures (y compris sur le plan littéraire et culturel), cet homme aura peut-être l'occasion de reconstruire une nouvelle filiation, grâce notamment à l'intrusion dans sa vie d'une fille inconnue.
Des images brumeuses et magnifiques (direction photo signée Sara Mishara) servent avec grâce ce film dans lequel l'écriture poétique devient prodigieusement belle et vivante. Vibrant des notes musicales lancinantes de Robert M. Lepage, Tout ce que tu possèdes est à classer dans la frange supérieure de l'oeuvre de Bernard Émond.