(Fr3) Des racines et des ailes : Passion patrimoine, la Corse autrement (2013)

La Corse est une île unique en Méditerranée : plus de 1000 kilomètres de côtes enlacent des sommets dont certains culminent à plus de 2500 mètres ! Des « palais d’Américains » du Cap Corse aux richesses méconnues du désert des Agriates, du sentier mythique du GR20 aux falaises de Bonifacio, l’Ile de Beauté regorge de trésors… La Corse vit actuellement un renouveau culturel. Les habitants prennent conscience de leur patrimoine et tentent de préserver les traditions et les savoir-faire.

Situé tout au nord de l’île, le Cap Corse est une région à part. Ici, marines et villages d’altitude se succèdent. Mais il existe aussi des maisons à l’histoire originale : des villas édifiées au 19ème siècle par des Corses partis faire fortune aux Amériques. Aurélie Harnequaux, ingénieur du patrimoine, se passionne pour ces « palais d’Américains ». De retour sur leur terre natale, ces riches émigrés se sont fait construire sur les hauteurs de splendides demeures et d’étonnants tombeaux. Souvent abandonnés, ces palais tombent en ruine. Seuls quelques propriétaires s’engagent à les sauvegarder. L’aventure de ces émigrés corses a aussi profondément marqué l’architecture de Bastia. Enrique Vivoni est un descendant de Corses. Depuis six ans, cet architecte de l’Université de Porto Rico se rend à Bastia avec une dizaine d’étudiants portoricains pour étudier les palais de leurs ancêtres et découvrir les splendeurs de la ville.

Le Cap Corse est également une terre de tradition que certains cherchent à faire revivre. Dans son village de Barrettali, Xavier se bat pour relancer la production d’un fruit oublié : le cédrat. Cultivé en terrasse, cet agrume a façonné le paysage et enrichi considérablement l'économie de cette région avant d’être abandonné. Au 19ème siècle, le cédrat confit est un produit de luxe dont toute l'Europe raffole : la Corse en est alors le premier producteur mondial ! Au 20ème siècle, sa consommation chute et les producteurs de cédrats disparaissent du Cap Corse…

A l’extrême nord de l’île, les îles Finochiarola constituent un écrin de nature. Elles sont le refuge de colonies d’oiseaux. Alain Camoin, le conservateur de la réserve naturelle du Cap Corse, veille depuis plus de vingt ans sur ce patrimoine inestimable. Il s’intéresse tout particulièrement aux goélands d’Audouin, une espèce emblématique grâce à laquelle ce petit coin de littoral a été sauvé des promoteurs !

Sur la côte orientale, l’île compte un autre espace naturel méconnu : l’étang de Biguglia, un véritable sanctuaire pour les oiseaux migrateurs. Paul Poli est garde du littoral et ornithologue. Il observe et compte les flamants roses qui, chaque année, se donnent rendez-vous ici. Venant de Sardaigne, de Camargue ou de Turquie, ils font halte sur les étangs corses…

Sur la côte ouest, entre la Balagne et le Cap Corse, des archéologues explorent les vestiges d’un bateau espagnol, coulé dans la baie de Saint-Florent il y a cinq siècles. A la Renaissance, cette baie, lieu d’échanges culturels et commerciaux, fut aussi le théâtre d’affrontements entre les grandes puissances européennes, comme en témoigne la présence de nombreuses épaves. Arnaud Cazenave de la Roche se passionne pour ces vestiges. Avec son association d’archéologues et de plongeurs bénévoles, il a mis au jour l’épave d’un galion espagnol du 16ème siècle, qui renferme encore de nombreux mystères…

Face à Saint-Florent, se trouvent les Agriates, un paysage aride de maquis et de pierres bordé de plages paradisiaques. Un site parfaitement préservé grâce à l’action du Conservatoire du littoral. Depuis 1975, il rachète des terrains à proximité de la mer afin de les protéger. C’est le plus grand propriétaire foncier de l’île. Michel Muracciole, délégué du Conservatoire du littoral en Corse, va pour la première fois survoler cette zone sur un drôle d’engin : un bateau pneumatique muni d’une aile de deltaplane ! François Vescovali, autre défenseur des Agriates, est l’un des précurseurs des randonnées à cheval dans l’île. Il fait découvrir à des cavaliers aguerris les secrets des Agriates, et notamment les villages abandonnés et les cabanons des fameux « bandits d’honneur »…

A l’extrême sud de l’île, au pied des falaises de Bonifacio, Jean-Philippe Giordano perpétue un savoir-faire ancestral. Il est pêcheur de corail, « l’or rouge de Méditerranée ». Cette pêche très particulière remonte à l’Antiquité. Pendant longtemps, les techniques ont ravagé les fonds marins. Mais aujourd’hui la pêche du corail est très réglementée. En Corse, seule une dizaine de corailleurs est autorisée à pêcher ce joyau. Pour Jean-Philippe, chaque plongée est un défi physique car il doit descendre à plus de 80 mètres…

Au cœur de l’île, dans la montagne corse, la vallée de la Restonica cache des merveilles. Antoine Orsini, hydrobiologiste, se passionne pour cette vallée, unique pour sa biodiversité.

Dans la rivière, il recense toutes les espèces, dont certaines remontent au temps des dinosaures. Au même moment, les gardes du Parc Naturel Régional sont à pied d’œuvre. Ils participent aux héliportages approvisionnant les refuges et sécurisent les zones les plus dangereuses du célèbre GR20. Jean-Paul Padovani est guide de montagne. Il transmet sa passion pour les sommets corses aux randonneurs qui viennent découvrir ce sentier pas comme les autres. Plus qu’un simple chemin, c’est un véritable mythe, synonyme de paysages somptueux et d’exploits sportifs pour les amoureux de grands espaces et de sensations fortes !