(Arte) Les bouddhas géants (2011)

Christian Frei nous emmène en voyage pour tenter de saisir la portée symbolique de la destruction des bouddhas de Bamyan. Un documentaire qui prend le temps de la réflexion pour se pencher sur le monde.

En février 2001, les talibans ordonnent la destruction des statues non islamiques qui se trouvent en Afghanistan. Cela concerne notamment les deux bouddhas géants (38 et 55 mètres) sculptés dans la roche de la vallée de Bamyan, 1 500 ans plus tôt. Cette vallée est dominée par une longue falaise creusée de centaines de grottes, passages et niches. Pendant des centaines d'années, le site a été le centre du monde bouddhiste. En mars 2001, pendant deux semaines, la vallée résonne du bruit des explosifs. Le monde entier s'émeut de la destruction des bouddhas de Bamyan.

Dans ce film très personnel, à la fois réflexion et voyage initiatique, le réalisateur Christian Frei nous invite à cheminer avec lui. Ce ne sont pas tant les statues qui l'intéressent que ce qu'elles représentent pour les hommes. Pour tenter de saisir la charge symbolique liée à ces géants de pierre, il suit des pistes qui l'emmènent aux quatre coins du monde : à Bamyan, bien sûr, mais aussi dans un monastère bouddhiste en Chine, dans un laboratoire de recherche en Suisse, au siège de l'Unesco à Paris, dans les locaux d'Al-Jazeera au Qatar…

Pour l'accompagner dans sa quête, il s'est choisi des compagnons de route peu communs. L'un est un moine bouddhiste chinois, Xuanzang, qui, il y a 1 370 ans, entreprit de gagner Bamyan par la route de la Soie ; un autre est un journaliste d'Al-Jazeera, Taysir Alony, qui a décroché le scoop de sa vie en filmant secrètement la destruction des statues. Il y a aussi Sayyed, qui habitait l'une des grottes avec sa famille ; l'archéologue Zémaryalaï Tarzi, qui a récemment fouillé le site à la recherche de vestiges préislamiques ; enfin, il y a cette mystérieuse correspondante à qui le narrateur s'adresse tout au long de son voyage, Nelofer Pazira ; fille d'un Afghan qui a autrefois séjourné à Bamyan, elle finira elle aussi par faire le voyage.

Le réalisateur filme une cérémonie de transe chez les soufis, une femme afghane vaquant aux tâches ménagères dans sa grotte, un visage de pierre au sourire énigmatique qui apparaît peu à peu sous des débris de fouilles, des touristes chinois se faisant photographier devant le plus grand bouddha du monde… Croisant les pistes, mêlant les époques, Christian Frei s'interroge sans relâche sur le sens de tout cela, sur ce que révèle l'histoire des bouddhas de Bamyan. Par exemple, que nous disent-ils des rapports entre l'Occident et le monde musulman ? Bien plus que de statues, son film parle de l'être humain.