(Planète) L'hirondelle de Monsieur Simca (2011)

Simca fut longtemps la plus jeune des grandes marques automobiles françaises, après Peugeot, Renault et Citroën. Cette jeunesse, alliée à ses origines latines, lui conférait son caractère et sa personnalité. Pleins phares sur la saga passionnante de la société fondée par le Piémontais Henri Pigozzi et dont l'emblème était une hirondelle.

En 1926, Giovanni Agnelli met sur pied la SAFAF, filiale française de Fiat-Italie chargée d'assurer la distribution des voitures dans tout l'Hexagone. Le fondateur de Fiat impose à sa tête un jeune et brillant directeur général turinois de 28 ans, Enrico Pigozzi, qui a pour mission d'organiser le réseau de vente. En novembre 1934, l'ancien ferrailleur autodidacte, qui a francisé son prénom pour devenir Henri Pigozzi, franchit un nouveau pas décisif en fondant la société industrielle de mécanique et carrosserie automobile (Simca).

Il s’agit maintenant de produire des voitures et plus seulement d’assembler les modèles Fiat. Les premières Simca-Fiat - le suffixe Fiat disparaîtra en 1938 - sortent en juillet 1935 des usines ultramodernes qu'Henri Pigozzi a acquises à Nanterre. Les 6 CV connaissent un succès certain en raison de leur prix modéré et de leurs qualités techniques, notamment les freins hydrauliques. En 1936, avec la Simca 5, équivalent français de la Fiat 500 Topolino, le constructeur frappe fort. C'est la première minivoiture populaire construite en grande série de l’histoire de l’automobile.

La firme poursuit le développement de sa gamme avec la présentation en 1937 de la Simca 8, réplique de la nouvelle Fiat Balilla 1100 qui consomme peu. L’année suivante sort un beau coupé Simca 8 premier modèle dont la carrosserie ne dérive pas d’une Fiat et qui porte l'emblème de l'hirondelle. A partir de ce modèle, les voitures de Simca deviennent réputées pour leur "appétit d'oiseau" en essence. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Simca 5 et 8, pratiquement inchangées, retrouvent les chaînes de Nanterre.

Présentée au salon de Paris 1947, la Simca 6 à la carrosserie modernisée remplacera bientôt la 5. Mais c'est avec l'Aronde, grande nouveauté de l'année 1951 et première Simca conçue entièrement sans partenariat avec Fiat, que la marque réussit un coup d'éclat. Cette voiture moderne est également la première de la marque à carrosserie autoportante, destinée à concurrencer la Peugeot 203. Son succès sera remarquable, puisque la production de l'Aronde dépassera les 100 000 exemplaires annuels jusqu’en 1959. 1954 marque également un tournant pour Simca, qui rachète la filiale française du constructeur américain Ford en déficit chronique, et récupère l'usine ultramoderne de Poissy.

Autre réussite, qui date de 1957: l'Ariane, une voiture sous-motorisée à vocation familiale très maniable, qui rencontre un grand succès auprès des compagnies de taxis. Les années 1960 marquent le début du déclin de Simca : Chrysler entre à hauteur de 15% dans le capital, avant de racheter sa presque totalité et de changer le nom de la société en Chrysler France en 1970. Le dernier grand succès de la marque date de 1968, avec la 1100, première Simca à traction et berline à l'excellente tenue de route.

Pour relater la saga de la marque à l'hirondelle, Frédéric Ducomet-Boquier combine images d'archives et témoignages, notamment celui de sa fille Caroline.