Salter James, "Et Rien d'Autre"

Posted By: TimMa

Salter James, "Et Rien d'Autre"
Publisher: Sixtrid | 2015 | French | MP3 128 Kbps | Lenght: 11:27:00 | 507.7 Mb

La Seconde Guerre mondiale touche à sa fin.
À bord d’un porte-avions au large du Japon, Philip Bowman rentre aux États-Unis.
Il a deux obsessions, qui l’accompagneront tout au long de sa vie : la littérature et la quête de l’amour. Embauché par un éditeur, il découvre ce milieu très fermé, fait de maisons indépendantes, et encore dirigées par ceux qui les ont fondées.
Bowman s’y sent comme un poisson dans l’eau, et sa réussite s’avère aussi rapide qu’indiscutable. Reste l’amour, ou plutôt cette sorte d’idéal qu’il poursuit, et qui ne cesse de se dérober à lui. L’échec d’un premier mariage, l’éblouissement de la passion physique et le goût amer de la trahison sont quelques-uns des moments de cette chasse au bonheur dont l’issue demeure incertaine.
Ce livre magnifique est comme le testament d’une génération d’écrivains, derniers témoins, sans le savoir, d’un monde promis à la disparition. Parce que l’art est le seul lieu où les contraires coexistent sans se détruire, il noue d’un même geste la soif de vivre de la jeunesse et la mélancolie de l’âge mûr, la frénésie érotique et le besoin d’apaisement, la recherche de la gloire et la conscience aigüe de son insignifiance.
Au point du jour

Toute la nuit, dans le noir, la mer avait défilé.
Sous le pont, dans leurs lits métalliques étages les uns au-dessus des autres par rangées de six, des centaines d'hommes, silencieux, gisant pour la plupart sur le dos, n'avaient toujours pas trouvé le sommeil alors que le jour allait poindre. Les lampes étaient en veilleuse, les moteurs vrombissaient inlassablement, les ventilateurs brassaient l'air humide : quinze cents soldats, chacun avec des armes et un paquetage assez lourds pour le faire couler à pic, comme une enclume jetée dans l'océan, rien qu'une fraction de l'immense armée en route vers Okinawa, la grande île située à la pointe sud du Japon. En vérité, Okinawa, c'était déjà le Japon, l'archipel en faisait partie, une terre étrange et inconnue. La guerre, qui durait depuis trois ans et demi, était entrée dans sa phase terminale. D'ici une demi-heure, les premiers groupes de soldats formeraient la file d'attente du petit-déjeuner, ils mangeraient debout, épaule contre épaule, l'air grave, sans échanger un mot. Le navire fendait doucement les flots, avec un léger ronronnement. L'acier de la coque grinçait.
Dans le Pacifique, la guerre ne ressemblait pas à ce qu'il se passait ailleurs. Même les distances étaient énormes. Jour après jour, rien que la mer, immense et vide, et puis les noms insolites d'endroits éloignés de plus d'un millier de kilomètres les uns des autres. Cette guerre avait embrasé des îles innombrables, arrachées une à une au contrôle des Japonais. Guadalcanal, qui devint une sorte de mythe. Les îles Salomon, le détroit de Nouvelle-Géorgie, surnommé la Fente. Et l'atoll de Tarawa où les péniches de débarquement se heurtèrent à des récifs éloignés du rivage et où les hommes se firent massacrer par un feu ennemi nourri, aussi dense que des essaims d'abeilles ; l'horreur des plages, les corps gorgés d'eau ballottés par les vagues, tous ces fils de la nation, certains beaux comme des dieux.
Au début les Japonais s'étaient emparés à une vitesse fulgurante de toute la région : les Indes néerlandaises, la Malaisie occidentale, les Philippines. De solides bastions, des forteresses considérées comme imprenables, furent assaillis et passèrent entre leurs mains en quelques jours. Seule contre-attaque notoire : la première bataille de porte-avions au beau milieu du Pacifique, près de Midway, au cours de laquelle quatre bâtiments japonais irremplaçables et leurs contingents de jets et de soldats aguerris furent coulés. Un coup de massue, mais l'ennemi restait implacablement combatif. L'étreinte de la main de fer qui s'était refermée sur le Pacifique allait devoir être desserrée, en brisant avec fracas un os après l'autre.
Les combats, dans la jungle inextricable et la fournaise, étaient sans fin et d'une violence inouïe. Près des rives, après les assauts, les palmiers se dressaient, dénudés tels de hauts poteaux de bois, toutes leurs feuilles emportées par les tirs. Les ennemis étaient de farouches soldats, on s'étonnait des chapiteaux en forme de pagode sur leurs navires de guerre, mais aussi de leur mystérieuse langue sifflante, de leurs corps trapus, et de leur férocité. Jamais ils ne se rendaient. Ils luttaient jusqu'à la mort. Ils exécutaient leurs prisonniers au fil des épées à deux mains qu'ils brandissaient bien haut, et ils ne montraient aucune pitié en cas de victoire, les bras levés dans d'exubérantes manifestations de triomphe.


L'auteur :
James Salter, 1925-2015 est un écrivain américain.
Ses romans les plus connus traduits en français : «Un sport et un passe-temps», «Un bonheur parfait», «Une vie à brûler», «Cassada», «Bangkok», «Et rien d’autre», «Pour la gloire », «Chaque jour est un festin».

L'interprète :
Éric Herson-Macarel est un comédien français. Il joue régulièrement au théâtre et au cinéma. Au grand écran, il est la voix française de, entre autres, Robert Carlyle, Willem Dafoe (dans Spiderman) et de Daniel Craig (dans James Bond). Il a déjà enregistré pour Audiolib Le Prédicateur, L'Oiseau de mauvais augure et L'Enfant allemand.


part1.rar - 151.0 Mb
RockFile.eu
part2.rar - 151.0 Mb
RockFile.eu
part3.rar - 151.0 Mb
RockFile.eu
part4.rar - 54.7 Mb
RockFile.eu