Patrimoines et identités

Posted By: tot167

Bernard Schiele, Collectif, "Patrimoines et identités"
MultiMondes | 2005 | ISBN: Français | 251 pages | PDF | 1,4 MB

Préface
Gérald Grandmont
Sous-ministre adjoint aux politiques,
aux sociétés d’État et au développement international
Ministère de la Culture et des Communications
Dans le marché des colloques que nous connaissons aujourd’hui
en Occident, ceux qui sont prégnants sont ceux qui
constituent, lorsqu’on relit les Actes, des moments de cristallisation
de la connaissance. En lisant les Actes du colloque
de l’UQAM en muséologie, on peut facilement trouver
dans les textes de nouveaux repères de la connaissance.
L’institution muséale, aussi paradoxal que cela puisse
paraître, est devenue un lieu d’influence sociétal marqué,
tout en rejoignant moins de 40% des citoyens, et ce, dans
la meilleure des hypothèses. C’est dire à quel point son
leadership, sa notoriété dépassent sa fréquentation. Je ne
chercherai pas à expliquer comment nous en sommes arrivés
à cet état de situation, d’autant plus qu’il existe des variations
importantes dans le profil des musées, selon les disciplines
et selon les pays. Mais il faut reconnaître une longue filiation
depuis le XIXe siècle, où commence à se déployer plus
systématiquement le concept d’exposition aux côtés de la
recherche scientifique sur les collections jusqu’aux scénographies
contemporaines qui nourrissent la communication
muséale. On peut même noter une accélération, ces 25 dernières
années, de cette dimension de la communication
muséale. Là encore, on se retiendra de brosser quelques
explications.
L’institution muséale est entrée dans une «culture de la
complexité», pour reprendre l’expression de Joël de Rosnay.
La diversification des institutions, celle des pratiques
muséales, l’exposition des choix thématiques, le raccord
avec les publics, l’invention de la communication muséale,
le renouvellement de la mise en espace, le côtoiement de
nouvelles professions à l’intérieur des institutions, l’implication
des intérêts des publics dans le choix des activités et
même dans la réalisation des expositions notamment,
l’apparition d’institutions faisant office d’agora culturelle,
par-delà la stricte vocation muséale, les liens étroits avec les
programmes scolaires et les partenariats institutionnels entre
musées, entre musées et universités, entre musées et villes,
entre musées et milieux associatifs, entre musées et gouvernements;
tout ce foisonnement qui a largement dépassé le
stade expérimental apprivoise la complexité des savoirs, la
complexité des rapports humains. La langue anglaise, parlant
des pratiques muséales, rend superbement cette notion par
des mots-valises, tels «edutainment » et « infotainment ».
On observe encore une nouvelle forme de patrimonialisation,
que ce soit dans l’apparition de concepts comme
ceux du patrimoine intangible, culturel ou de la patrimonialisation
du paysage. Tout le spectre du musée y passe, des
sciences naturelles à l’ethnologie, des musées d’art aux
écomusées. Mais cette forme de patrimonialisation rejoint
une autre sphère, au-delà de l’objet lui-même qui nous a été
légué, celle de la production de sens pour les personnes et
les sociétés, celle d’une activation de la mémoire.
Demain, si ce n’est aujourd’hui, le musée est et sera
confronté, sans perdre son authenticité, à l’intégration des
nouvelles technologies de communication, mais en dépassant
le simple «clonage numérique» qui se contenterait de faire,
en mode virtuel, ce qu’il fait déjà dans l’espace physique.
L’institution muséale approche à peine une nouvelle maturité
qu’elle est déportée vers un autre univers de créativité. C’est
sans doute cette mouvance continuelle qui fait aujourd’hui
que l’institution a cette prégnance sociale.







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