L'entropie et tout ça. Le roman de la thermodynamique

Posted By: arundhati

Philippe Depondt, "L'entropie et tout ça. Le roman de la thermodynamique"
2001 | ISBN-10: 2842250443 | 311 pages | Djvu | 3 MB

Quand on me demande quel est mon métier et que je réponds que je suis physicien, cela déclenche en général une remarque du genre: « Comme c'est intéressant! Justement je viens de lire quelque chose sur le Big Bang, et… ». Mais je ne sais rien sur le Big Bang, sinon ce que tout un chacun peut glaner dans des ouvrages de vulgarisation. Deux stratégies sont alors possibles.
La première, c'est le bluff: faire comme si je savais tout sur le Big Bang et espérer que ma culture générale de physicien suffira à donner le change. La deuxième stratégie est l'honnêteté: dire que je suis physicien de la matière condensée, ce qui a pour conséquence immédiate de me faire perdre tout intérêt aux yeux de mon interlocuteur. Cette stratégie a au moins le mérite, outre d'être moralement inattaquable, de me permettre de me consacrer entièrement au contenu de mon assiette si, bien sûr, la conversation a lieu au cours d'un repas.
Or, un jour de février 1996, j'ai parlé d'entropie et d'irréversibilité à un groupe d'étudiants en histoire de la linguistique de l'Université Paris X-Nanterre. J'y avais été invité par Claudine Normand qui leur faisait ce cours et à l'esprit de qui il était venu, par un mécanisme que je ne saurais expliquer - il
s'agissait de quelque chose comme: « le contexte scientifique de l'émergence de la linguistique» au début du XIX e siècle - que je pouvais avoir quelque chose à dire à des étudiants en histoire de la linguistique. Avec une certaine naïveté et dans l'ignorance de ce à quoi je m'engageais, j'acceptai avec plaisir de faire l'exposé… dont la préparation exigea de moi beaucoup plus de travail que prévu. Or, la naïveté étant une propriété plutôt robuste, je conçus, après la discussion avec les jeunes linguistes, l'idée que des non-physiciens pouvaient, dans des circonstances judicieusement choisies, s'intéresser à autre chose qu'au Big Bang. Ainsi fut posée la première pierre du présent ouvrage. Je suis donc redevable à mes auditeurs et à l'instigatrice de cet exposé du plaisir que j'ai eu à écrire ce qui suit.