Pierre Rosanvallon, "La nouvelle question sociale : Repenser l'État providence"

Posted By: TimMa

Pierre Rosanvallon, "La nouvelle question sociale : Repenser l'État providence"
Seuil | 2015 | ISBN: 202022030X | French | EPUB | 222 pages | 0.2 MB

L'État-providence est toujours en crise. Mais celle-ci a changé de nature. Au-delà des lancinants problèmes de financement et de gestion, au-delà des questions posées sur l'efficacité du système de redistribution, ce sont les principes organisateurs de la solidarité et le conception même des droits sociaux qui se trouvent remis en cause. La crise est maintenant d'ordre philosophique. Elle est liée à l'avènement d'une nouvelle question sociale.

Il ne s'agit pas plus seulement, comme il y a dix ans, de relégitimer l'État-providence. Devant les fractures sociales des années 1980, l'intervention publique a en effet retrouvé toute sa justification. C'est une refondation intellectuelle et morale qu'il faut aujourd'hui procéder. Pierre Rosanvallon explore, dans ce livre, les formes que pourrait prendre un État actif-providence lié au développement de la citoyenneté sociale. Il invite notamment à enrichir la notion de droit social, à reformuler la définition du juste et de l'équitable, à réinventer les formes de la solidarité. Cette recherche est indissociable d'une pratique plus active de la démocratie et d'une idée renouvelée de la nation.

Ce livre propose une rediscussion d'ensemble de la question sociale. Il prolonge et renouvelle profondément les analyses désormais classiques que l'auteur avait menées dans La Crise de l'État-providence.

Revue de presse
L'avenir bouché de l'Etat Providence
Une mise au point instructive. Au moment où le débat politique est dominé par les grands thèmes sociaux - chômage, retraites, exclusion - l'ouvrage de Pierre Rosanvallon apporte un éclairage utile. D'abord parce qu'il montre comment notre système de protection sociale (emploi, maladie, vieillesse) s'est peu à peu complexifié, par ajouts successifs, jusqu'à perdre son efficacité. Ensuite parce qu'il se réfère largement aux expériences étrangères en la matière.
Pour cet universitaire, qui est par ailleurs secrétaire général de la Fondation Saint-Simon, un club de réflexion aussi discret qu'influent, le déclin de l'Etat providence est inéluctable. Car la logique qui le sous-tend - celle d'une sorte d'assurance tous risques basée sur les contributions des actifs - est mise en échec.

Difficultés économiques et multiplication des nouvelles formes d'insécurité font que l'Etat providence, organisé pour faire face aux problèmes de groupes sociaux homogènes, doit désormais prendre en charge des individus placés dans des situations de plus en plus imprévues.
Ces problèmes ne pourront être résolus que par l'abandon de la logique assurancielle et par une intervention directe de l'Etat.
Mais de quelle manière? Pour s'en tenir au domaine de l'emploi, en faisant en sorte que tous les efforts soient concentrés sur une politique d'insertion. Le RMI pourrait jouer en partie ce rôle à condition que les bénéficiaires se sentent liés par une contrepartie: leur engagement personnel dans une démarche d'insertion.

Pierre Rosanvallon nous met surtout en garde contre une tentation très perceptible actuellement, celle qui consiste à salarier l'exclusion. Si le chômage et l'exclusion doivent nécessairement donner lieu à des aides venant de la collectivité, l'automaticité et la banalisation de l'indemnisation ne peuvent qu'aggraver le mal que l'on est censé combattre. –Rémy Arnaud– – L'Entreprise