Jean Echenoz, "Des éclairs", Audio livre 1 CD MP3

Posted By: TimMa

Jean Echenoz, "Des éclairs", Audio livre 1 CD MP3
Publisher: Audiolib | 2010 | ISBN: 2356412654 | French | MP3 320 Kbps | Lenght: 03:16:00 | 409.6 Mb

Gregor a inventé tout ce qui va être utile aux siècles à venir. Il est hélas moins habile à veiller sur ses affaires, la science l’intéresse plus que le profit. Tirant parti de ce trait de caractère, d’autres vont tout lui voler. Pour le distraire et l’occuper, ne lui resteront que la compagnie des éclairs et le théâtre des oiseaux.

Fiction sans scrupules biographiques, ce roman utilise cependant la destinée de l’ingénieur Nikola Tesla (1856-1943) et les récits qui en ont été faits. Avec lui s’achève, après Ravel et Courir, une suite de trois vies.

Qui mieux que Jean Echenoz aurait pu donner une voix au génie méconnu que son talent fait revivre ?

Nikola Tesla, l'ingénieur ayant inspiré l'auteur.
De son vivant, Tesla était renommé pour ses inventions (Courant alternatif, Haute tension, Machine asynchrone, Bobine Tesla, Radar, Torpille) ainsi que pour son sens de la mise en scène, faisant de lui un archétype du « scientifique fou ». Il resta malgré tout dans un relatif anonymat jusqu'à plusieurs décennies après sa mort. Son oeuvre trouve un regain d'intérêt dans la culture populaire depuis les années 1990. En 1960, son nom a été donné au tesla (T), l'unité internationale d'induction magnétique. (Source : Wikipédia)
S'emparant de la figure, bien réelle, de l'ingénieur Nikola Tesla (1856-1943), Jean Echenoz s'octroie d'emblée la liberté d'attribuer aux conditions mouvementées de sa naissance deux conséquences : une passion pour l'électricité - il mettra effecti­vement au point le courant électrique alternatif - et un caractère «ombrageux, méprisant, susceptible, cassant». Ainsi se pré­sente donc Gregor, l'alter ego fictif de Tes­la, dont Des éclairs raconte l'existen­ce romanesque et drolatique…
C'est par touches légères, au fil d'une narration elliptique et rapide, que Jean Echenoz trace et peaufine ce portrait qui, après Ravel et Courir, construit autour de la figure d'Emil Zátopek, constitue le dernier volet du triptyque de «vies imaginaires» entrepris par l'écrivain. Une trilogie remarquable, qui, achevée désormais, s'offre à lire comme une variation infiniment mélancolique sur la solitude, le délitement des rêves et du monde - derrière l'ironie, la vi­vacité, l'élégance, la grâce, le tragique toujours affleure. (Nathalie Crom - Télérama du 15 septembre 2010)

Son portrait, librement inspiré de l'extravagant inventeur Nikola Tesla, rival d'Edison, est l'une des surprises les plus lumineuses de cette rentrée. Des éclairs, le dernier roman de Jean Echenoz, compte 176 pages, mais on pourrait parler du double, voire du triple, tant on se plaît à s'attarder sur chaque phrase, à la relire. Jean Echenoz, c'est la virtuosité du style, le choix des mots, le poids des images, le génie des descriptions. Avec lui, une turbine devient poésie, un moteur sculpture, un pigeon créature diabolique…
Nul besoin d'être féru de physique ou de mécanique quantique pour se délecter de ces Eclairs qui illuminent la rentrée littéraire. (Marianne Payot - L'Express, septembre 2010)

Il y eut d'abord Ravel (Minuit, 2006). Puis Emil Zatopek (avec Courir, Minuit, 2008), le coureur tchécoslovaque aux performances spectaculaires, ce sportif hors norme, dont on dit que, si l'on additionnait le nombre de ses pas, il aurait fait trois fois le tour de la Terre. Enfin, pour clore cette "suite", on peut lire aujourd'hui dans Des éclairs la vie de Nikola Tesla (1856-1943), l'inventeur du courant alternatif, le précurseur de la radio et du radar, l'homme qui imagina installer un tube au fond de l'Atlantique pour acheminer du courrier de l'Europe à l'Amérique, celui qui rêva d'éclairer la planète d'une seule illumination dans l'espace - ce savant fou dont Echenoz rappelle que, s'il est méconnu en Europe, il est aux Etats-Unis "une icône plus populaire qu'Einstein"…
Mais le travail d'Echenoz ne consiste pas à dorer la légende de ces vies illustres. Car après tout, s'ils sont géniaux, ils restent humains. Perfectibles. Il suffit d'un rien pour faire basculer ces héros de la puissance vers le déclin. Dans chacun de ces livres, Echenoz décrit ces moments de déliquescence ou de perte d'entrain : tremblements de Ravel dont la maladie menace ses compositions, disgrâce politique de Zatopek qui n'est soudain plus soutenu par le régime soviétique, désaveu de la communauté scientifique à l'égard de Nikola Tesla. (Amaury da Cunha - Le Monde du 23 septembre 2010)

Voici donc Gregor et ses éclairs, qui achève une suite de trois vies, cette fois clairement annoncé comme,nous l'avons dit, «une fiction sans scrupules biographiques». Vidons immédiatement l'abcès autobiographique, Gregor est un inventeur, l'invention est le coeur du métier de romancier…
C'est même là un des tours de force les plus impressionnants du livre : faire le portrait d'un personnage particulièrement antipathique, donné comme tel mais non pas comme cible de moquerie, sans que ce sentiment n'alentisse l'allant du texte, sa drôlerie, ni ne vienne déteindre sur le récit lui-même. Bref, Gregor est un monsieur je sais tout qui n'en fait qu'à sa tête,invente à tire-larigot, et pas de petites choses, son échelle est celle des chutes du Niagara, il connaît les langues et les sciences, conquiert l'Amérique et maîtrise définitivement les courants électriques à partir de l'alternatif dont il a l'intuition conquérante. La photographie,le télégraphe, le téléphone, les rayons X, la radio, le radar, l'orage, non, pas la photographie. Il n'a peur de rien, sinon des microbes, dandy dépensier sans affect, beau mec sans regard pour les femmes qui le badent, il est prêt à tout, des démonstrations de music-hall aux éclairs artificiels, et même à inventer l'énergie universelle et gratuite qui mettrait ses commanditaires sur la paille. (Jean-Baptiste Harang - Le Magazine Littéraire, octobre 2010)

C'est en rêvant des vies qu'on devient biographe, puis, une fois l'une faite, qu'on jette moule et cadre pour passer à l'autre, parce qu'au fond, biographe, on ne l'est pas : c'est romancier qu'on est…
Le spectacle du héros burlesque et isolé est commenté par une voix comme souvent amusée, entre connivence et conférence, tantôt sur l'estrade, tantôt au comptoir, une voix amie toute en variations murmurées : le narrateur Echenoz fabrique son personnage, mais aussi son lecteur tel qu'il l'imagine ou veut l'imaginer. Borges disait que «lire est d'abord un acte postérieur à celui d'écrire ; plus résigné, plus courtois, plus intellectuel». C'est ça…
L'expression qui revient le plus souvent, quand il parle, est «un peu». C'est moins affaire d'approximation que de nuance, de balance, de mise au ton. Toute affirmation orale est marquée d'un bémol qui la rétablit dans sa timidité, son ironie, son léger lointain…
Il a écrit des vies un peu imaginaires. On dira qu'il les a réussies. (Philippe Lançon - Libération du 30 septembre 2010)

Le dernier volet du cycle romanesque des Trois vies, après celle du musicien Maurice Ravel et du coureur Emil Zatopek, est un petit chef-d'oeuvre d'élégance, d'ironie, d'humour, de tendresse et surtout de style. Echenoz réinvente l'art et la manière de parler des hommes. Que du bonheur sous ces éclairs. Courez-y. (Valérie Marin La Meslée - Le Point du 7 octobre 2010)

Si l'on vous demande : "Alors, il est comment, le dernier Echenoz ?", vous pourrez répondre : "Ravélien grâce à sa prose musicale et porté par un personnage pressé comme dans Courir !" Ajouter qu'Echenoz a décidément un art inimitable pour faire évoluer des êtres enfermés dans ce qu'ils font, obnubilés par leur but et oubliant parfois en chemin le monde et les gens qui les entourent. Ne pas oublier d'indiquer qu'on y éclate parfois de rire au point de réveiller les voisins et que la tristesse y est bien entendu présente. Comme dans tous les livres de l'auteur de Nous trois (Minuit 1992, repris en poche dans la collection Double). (Alexandre Fillon - Lire, octobre 22010)

« Pris dans ses propres sortilèges, sa vie acquiert, par la grâce de l’écriture d’Echenoz, une charge symbolique aussi puissante que celle d’une Cendrillon ou d’un Petit Poucet. Un héros frappé de son propre sort. » Nelly Kaprièlian – les inRocKuptibles


Chacun préfère savoir quand il est né, tant que c'est possible. On aime mieux être au courant de l'instant chiffré où ça démarre, où les affaires commencent avec l'air, la lumière, la perspective, les nuits et les déboires, les plaisirs et les jours. Cela permet déjà d'avoir un premier repère, une inscription, un numéro utile pour vos anniversaires. Cela donne aussi le point de départ d'une petite idée personnelle du temps dont chacun sait aussi l'importance : telle que la plupart d'entre nous décident, acceptent de le porter en permanence sur eux, découpé en chiffres plus ou moins lisibles et parfois même fluorescents, fixé par un bracelet à leur poignet, le gauche plus souvent que le droit.
Or ce moment exact, Gregor ne le connaîtra jamais, qui est né entre vingt-trois heures et une heure du matin. Minuit pile ou peu avant, peu après, on ne sera pas en mesure de le lui dire. De sorte qu'il ignorera toute sa vie quel jour, veille ou lendemain, il aura le droit de fêter son anniversaire. De cette question du temps pourtant si partagée, il fera donc une première affaire personnelle. Mais, si l'on ne pourra l'informer de l'heure précise à laquelle il est apparu, c'est que cet événement se produit dans des conditions désordonnées.
D'abord, quelques minutes avant qu'il s'extraie de sa mère et comme tout le monde s'affaire dans la grande maison - cris de maîtres, entrechocs de valets, bousculades de servantes, disputes entre sages-femmes et gémissements de la parturiente -, un orage fort violent s'est levé. Précipitations granuleuses et très denses provoquant un fracas étale, feutré, chuchoté, impérieux comme s'il voulait imposer le silence, distordu par des mouvements d'air cisaillants. Ensuite et surtout, un vent perforant de force majeure tente de renverser cette maison. Il n'y parvient pas mais, forçant les fenêtres écarquillées dont les vitrages explosent et les boiseries se mettent à battre, leurs rideaux envolés au plafond ou aspirés vers l'extérieur, il s'empare des lieux pour en détruire le contenu et permettre à la pluie de l'inonder. Ce vent fait valser toutes les choses, bascule les meubles en soulevant les tapis, brise et dissémine les bibelots sur les cheminées, fait tournoyer aux murs les crucifix, les appliques, les cadres qui voient s'inverser leurs paysages et culbuter leurs portraits en pied. Convertissant en balançoires les lustres sur lesquels s'éteignent aussitôt les bougies, il souffle également toutes les lampes.
La naissance de Gregor se déroule ainsi dans cette obscurité bruyante jusqu'à ce qu'un éclair gigantesque, épais et ramifié, torve colonne d'air brûlé en forme d'arbre, de racines de cet arbre ou de serres de rapace, illumine son apparition puis le tonnerre couvre son premier cri pendant que la foudre incendie la forêt alentour. Tout s'y met à ce point que dans l'affolement général on ne profite pas de la vive lueur tétanisée de l'éclair, de son plein jour instantané pour consulter l'heure exacte - même si de toute façon, nourrissant de vieux différends, les pendules ne sont plus d'accord entre elles depuis longtemps.


L'auteur Jean Echenoz
Jean Echenoz est né à Orange en 1947. Il a obtenu le prix Médicis en 1983 pour «Cherokee» et le prix Goncourt en 1999 pour «Je m'en vais». Toute son oeuvre est publiée aux Editions de Minuit. Pour Audiolib, il a lu «Courir», «Des éclairs» et «14».


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