Henri Loevenbruck, "L'apothicaire"
Audible | 2017 | ISBN: N/A | French | MP3 128 Kbps | Lenght: 22:22:00 | 2.2 MB
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Un matin de janvier 1313, Andréas Saint-Loup, dit l'Apothicaire, découvre dans sa boutique une pièce qu'il avait oubliée… Il comprend alors que jadis vivait ici une personne qui a soudainement disparu de toutes les mémoires.
L'Apothicaire, poursuivi par d'obscurs ennemis, accusé d'hérésie par le roi Philippe le Bel et l'Inquisiteur de France, décide de partir à la recherche de son propre passé, de Paris à Compostelle, jusqu'au mont Sinaï.
Entre conte philosophique et suspense ésotérique, L'Apothicaire est une plongée vertigineuse dans les mystères du Moyen Âge et les tréfonds de l'âme humaine.
Revue de presse
C'est son treizième roman et c'est celui qu'il a pris le plus de plaisir à écrire. Henri Loevenbruck, passionné d'ésotérisme, a mis sept ans à concevoir ce gros récit médiéval qui évoque Alexandre Dumas par la manière et par le rythme…
Entre thriller, roman d'aventure et conte philosophique, le récit de Loevenbruck est un étourdissant voyage dans ce Moyen Age que l'on dit à tort ténébreux. Ainsi, après avoir discuté du mouvement gnostique avec Maître Eckart ou écouté les confidences de Jacques de Molay, le maître de l'ordre des Templiers, l'Apothicaire croise une femme troubadour chantant les jeux de l'amour en termes mutins. Au fanatisme du Grand Inquisiteur qui poursuit Andreas soupçonné d'hérésie, l'auteur oppose la liberté et la soif de savoir de ses héros. (Claire Julliard - Le Nouvel Observateur du 24 novembre 2011)
Il vécut à Paris en l'an 1313 un homme sans famille qui allait du nom d'Andréas Saint-Loup, mais que d'aucuns appelaient l'Apothicaire et, quand on le désignait ainsi, nul n'ignorait qu'il s'agissait de celui-là bien qu'il y eût de nombreux autres hommes exerçant la profession dans la capitale, car il était à la fois le plus illustre et le plus mystérieux des préparateurs de potions, onguents, drogues et remèdes que l'on pût trouver dans la ville et peut-être même dans le pays tout entier.
Des divers adjectifs qui pouvaient qualifier l'homme, s'il n'eût fallu en retenir qu'un, on eût aisément dit de lui qu'il était sibyllin, en ce sens que ses paroles comme ses actes étaient aussi obscurs, mystérieux et impénétrables que ceux des oracles de l'Antiquité, et son passé, au reste, demeurait pour tout Paris une véritable énigme, même pour l'abbé Boucel, l'homme qui l'avait trouvé, recueilli et élevé non loin de là, dans l'abbaye de Saint-Magloire, et dont nous aurons l'occasion de reparler plus tard.
Quand on venait quérir dans son officine quelque médicament et qu'on expliquait son mal, il restait silencieux un instant, comme s'il n'avait point de réponse à fournir, prenait un air absorbé, presque distant, puis il disparaissait dans son laboratoire et revenait enfin avec une préparation dont il ne disait souvent rien mais qui, toujours, apportait au patient toute satisfaction. La scène, inlassablement, se jouait dans un silence théâtral. Plus d'une fois on le vit corriger discrètement le diagnostic d'un illustre médecin - bien que cela fût rigoureusement interdit par les maîtres de la profession - et proposer à ses visiteurs une cure différente de celle préconisée par le supposé savant, et alors, dit-on, jamais il ne se trompait. On raconte même qu'il soigna bien des pauvres âmes que la médecine avait depuis longtemps abandonnées et qu'il ne se privait jamais de faire payer davantage ses clients les plus aisés pour assurer, sans la moindre ostentation, la gratuité aux démunis. Cela, encore, contredisait le serment prêté par les maîtres pharmaciens, mais l'homme était un iconoclaste et faisait passer la santé de ses semblables avant le respect de sa confrérie, ce qui lui valut, comme on le découvrira, quelques mésaventures.
Dans le quartier qu'il occupait, au coeur de la rue Saint-Denis - qui était en ce temps celle des apothicaires, des épiciers et des selliers, et où était installée sa boutique - tout le monde connaissait sa figure, non seulement parce qu'il était un personnage majeur de la vie quotidienne de tout le voisinage, mais aussi parce que sa physionomie n'était pas ordinaire, et nous la tracerons ici brièvement.
Des divers adjectifs qui pouvaient qualifier l'homme, s'il n'eût fallu en retenir qu'un, on eût aisément dit de lui qu'il était sibyllin, en ce sens que ses paroles comme ses actes étaient aussi obscurs, mystérieux et impénétrables que ceux des oracles de l'Antiquité, et son passé, au reste, demeurait pour tout Paris une véritable énigme, même pour l'abbé Boucel, l'homme qui l'avait trouvé, recueilli et élevé non loin de là, dans l'abbaye de Saint-Magloire, et dont nous aurons l'occasion de reparler plus tard.
Quand on venait quérir dans son officine quelque médicament et qu'on expliquait son mal, il restait silencieux un instant, comme s'il n'avait point de réponse à fournir, prenait un air absorbé, presque distant, puis il disparaissait dans son laboratoire et revenait enfin avec une préparation dont il ne disait souvent rien mais qui, toujours, apportait au patient toute satisfaction. La scène, inlassablement, se jouait dans un silence théâtral. Plus d'une fois on le vit corriger discrètement le diagnostic d'un illustre médecin - bien que cela fût rigoureusement interdit par les maîtres de la profession - et proposer à ses visiteurs une cure différente de celle préconisée par le supposé savant, et alors, dit-on, jamais il ne se trompait. On raconte même qu'il soigna bien des pauvres âmes que la médecine avait depuis longtemps abandonnées et qu'il ne se privait jamais de faire payer davantage ses clients les plus aisés pour assurer, sans la moindre ostentation, la gratuité aux démunis. Cela, encore, contredisait le serment prêté par les maîtres pharmaciens, mais l'homme était un iconoclaste et faisait passer la santé de ses semblables avant le respect de sa confrérie, ce qui lui valut, comme on le découvrira, quelques mésaventures.
Dans le quartier qu'il occupait, au coeur de la rue Saint-Denis - qui était en ce temps celle des apothicaires, des épiciers et des selliers, et où était installée sa boutique - tout le monde connaissait sa figure, non seulement parce qu'il était un personnage majeur de la vie quotidienne de tout le voisinage, mais aussi parce que sa physionomie n'était pas ordinaire, et nous la tracerons ici brièvement.