Olivier Adam, "Dessous les roses"

×

Olivier Adam, "Dessous les roses"

Close

A l'occasion de l'enterrement de leur père, Claire et Antoine se retrouvent dans la maison familiale, en banlieue pavillonnaire, avec leur mère. Ils s'interrogent sur la venue de Paul, leur frère, réalisateur et dramaturge. Comme Antoine, leur père lui reprochait de piller leur vie de famille pour ses films et de mentir sur ses origines.

- Tu crois qu'il va venir ? m'a demandé Antoine en s'allumant une cigarette. J'ai haussé les épaules. Avec Paul comment savoir ? Il n'en faisait toujours qu'à sa tête. Se souciait peu des convenances. Considérait n'avoir aucune obligation envers qui que ce soit. Et surtout pas envers sa famille, qu'il avait laminée de film en film, de pièce en pièce, même s'il s'en défendait.

- En tout cas, a repris mon frère, si demain il s'avise de se lever pour parler de papa, je te jure, je le défonce.

- Ah ouais ? a fait une voix derrière nous. Je serais curieux de savoir comment tu comptes t'y prendre…

Antoine a sursauté. Je me suis retournée. Paul se tenait là, dans l'obscurité, son sac à la main. Nous n'avions pas entendu grincer la grille. J'ignore comment il s'y prenait. Ce portillon couinait depuis toujours. Aucun dégrippant, aucun type d'huile n'avait jamais réussi à le calmer. Mais Paul parvenait à le pousser sans lui arracher le moindre miaulement.